Aux automobilistes de payer
Bruno Bisson
La Presse, Jeudi 9 mars 2006
Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, estime que c'est au tour des automobilistes de faire leur part pour augmenter le financement des transports en commun, qui souffriront d'un manque à gagner de presque 5 milliards en 15 ans, s'ils n'obtiennent pas de nouvelles sources de revenus.
Coiffant le chapeau de président de la Coalition métropolitaine pour la relance du transport en commun, le maire Tremblay a présenté hier quatre projets de développement majeurs considérés comme prioritaires par des intervenants de tous les milieux intéressés, incluant le monde des affaires, les transporteurs publics de Montréal et des villes de banlieue et les autorités de la santé publique.
Train de banlieue
Parmi ces quatre projets, la coalition a réclamé des engagements «à court terme» du gouvernement du Québec pour la réalisation du train de banlieue de l'Est, un projet de 253 millions qui desservirait à la fois les villes de banlieue de Mascouche et Terrebonne, dans la couronne nord, les municipalités de Repentigny et de L'Assomption en banlieue est, et la population de l'est et du nord-est de Montréal qui ne bénéficie en ce moment d'aucun service de transport collectif rapide, à l'est de l'autoroute 25.
Au-delà de la présentation de ces projets prioritaires (encadré), le maire Tremblay s'est longuement attardé sur la recherche d'un «nouvel équilibre» entre l'automobile, les moyens de transport collectif (train, autobus, etc.) et les piétons et cyclistes, qui partagent la voie publique en vertu d'une «culture de l'automobile qui doit maintenant changer».
«Entendons-nous bien, a prévenu le maire, conscient qu'il débarquait là en terrain glissant. Nous n'avons rien contre les automobilistes. Mais au cours des dernières années, la contribution des municipalités, des usagers et du gouvernement du Québec aux transports en commun n'ont pas cessé d'augmenter, alors que celle des automobilistes est demeurée stable. Nous pensons que les villes et les usagers ont maintenant fait leur part.»
10 % des dépenses
Selon les données recueillies par La Presse hier auprès des sociétés de transport en commun, les contributions des automobilistes, payables à travers des droits de 30 $ perçus sur l'immatriculation et une taxe sur l'essence de 1,5 cent le litre, représentent environ 10 % des dépenses d'exploitation annuelles de 1,2 milliard pour l'ensemble des sociétés de transport public.
Au Québec, les usagers des transports en commun et les municipalités qui financent ces services contribuent environ 38 % des dépenses d'exploitation des transporteurs publics et le gouvernement du Québec, environ 12 %.
À Montréal, ce sont les usagers qui contribuent 46 % du budget d'exploitation de la Société de transport de Montréal (STM), alors que la Ville fournit 32 % de son budget. Le gouvernement du Québec a contribué pour 10 % du budget annuel de la STM, alors que la contribution des automobilistes représente à peine 7 % de ces dépenses.
Ottawa et Québec
À plus long terme, M. Tremblay souhaite toutefois que les gouvernements fédéral et provincial s'engagent résolument en faveur des transports en commun, en garantissant le maintien ou le prolongement de leurs programmes de financement des immobilisations à venir.
Selon la Coalition, les besoins d'équipements (autobus, voitures de métro, wagons de trains, etc.) au cours des 15 prochaines années s'élèveront à plus de 7 milliards dans la métropole seulement. Pour financer ces équipements, Ottawa et Québec devraient injecter un total de 480 millions par année dans les infrastructures de transport public.
Présentement, les programmes fédéral et provincial d'infrastructures actuels pour les transports en commun totalisent, au maximum, 170 millions, soit un manque à gagner de 310 millions par année.
En 15 ans, ce manque à gagner représenterait 4,65 milliards pour les transports en commun, seulement pour la métropole.
Et les tramways ?
Deux semaines seulement après que le maire Tremblay en eut fait la promotion assidue à l'occasion d'une visite chez son homologue de Paris, le seul projet de tramway urbain en cours de développement, dans l'avenue du Parc, n'a pas réussi à faire partie de la liste des projets jugés prioritaires par la Coalition métropolitaine pour la relance du transport en commun.
Interrogé hier sur cette incongruité apparente, le maire Tremblay a précisé qu'il parlait au nom d'une coalition métropolitaine, alors que le projet de tramway de l'avenue du Parc est essentiellement un projet montréalais, qui concerne moins les villes de banlieue et les usagers de la couronne nord et de la Rive-Sud.
«Dans le cas du tramway, a-t-il toutefois assuré, nous nous sommes mis en mode «réalisation». Deux membres de l'exécutif de la Ville de Montréal, André Lavallée (responsable de l'aménagement et des transports) et Claude Trudel (nommé président de la STM) ont été mandatés pour mettre à jour les études qui ont été réalisées par l'Agence métropolitaine de transport. Le tramway est un projet complémentaire au développement des infrastructures jugées prioritaires pour l'ensemble de la métropole.»
Précisons toutefois que le projet de tramway de l'avenue du Parc, qui relierait le centre-ville à la gare Jean-Talon, sise dans le centre géographique de Montréal, coûterait entre 400 et 500 millions, et que son financement devrait provenir, pour l'essentiel, des mêmes sources que les autres projets métropolitains jugés plus pressants, qui coûteraient près de 2,5 milliards. Selon le maire, le projet de tramway du Parc prendrait quatre ans à réaliser.
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