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Propreté: Ville-Marie montre les dents
Sébastien Rodrigue
La Presse
Amendes salées, responsabilité accrue des propriétaires et interdiction des tracts publicitaires : l'arrondissement de Ville-Marie adoptera la réglementation sur la propreté la plus sévère du genre au Canada pour enrayer les problèmes de saleté au centre-ville.
Les propriétaires d'immeubles devront désormais nettoyer le trottoir et une portion de la chaussée allant jusqu'à 60 cm devant leur bâtiment. Les restaurants et les épiceries devront ramasser leurs emballages traînant sur le «tronçon de rue» devant leur établissement.
Le maire de l'arrondissement, Benoît Labonté, prévient que les inspecteurs seront plus nombreux et plus sévères.
«Quand les mesures incitatives ne fonctionnent plus, il faut être coercitif», prévient-il. Les amendes vont donc doubler pour les fautifs.
Un mégot laissé par terre pourra ainsi valoir une amende allant de 125 à 500 $ pour une première infraction. Un restaurateur laissant des gobelets de café sur son tronçon de rue devra payer de 1000 à 2000 $ à la première incartade. Une personne prise à faire de l'affichage sauvage recevra une amende de 500 à 2000 $. Les amendes vont ensuite doubler pour les récidivistes et quadrupler pour une troisième contravention en cinq ans pour certaines infractions.
Les entreprises possédant du mobilier sur le domaine public comme Bell Canada et Postes Canada seront tenues d'éliminer les graffitis. Si elles ne se plient pas à ces règles, l'arrondissement leur imposera des amendes. La distribution de publicités dans la rue et sur les pare-brises des voitures sera désormais interdite. L'installation de cendriers et l'obligation de les vider fait aussi partie du nouveau règlement.
Le maire de l'arrondissement affirme que ce règlement permettra à Montréal de devenir «un des centres-villes les plus propres au monde». La réglementation s'inspire d'ailleurs des expériences de Paris et de New York qui ont connu du succès en cette matière.
Après deux séances de consultations publiques hier soir et ce soir, l'arrondissement souhaite adopter cette réglementation afin qu'elle entre en vigueur le 1er juin prochain. Le nombre d'inspecteurs passera aussi de trois à 13 cette année. Les amendes récoltées iront dans un fonds spécial servant à «embellir» le centre-ville.
L'arrondissement estime que sa réglementation peut résister à une contestation devant les tribunaux. M. Labonté ajoute que son administration a fait des efforts pour améliorer la propreté avec une réorganisation du travail et des investissements supplémentaires. «Nous avons fait notre part, c'est au tour des citoyens de faire la leur», a-t-il laissé tomber.
La réglementation a été bien accueillie par le milieu des affaires. La chambre de commerce du Montréal métropolitain a indiqué dans un communiqué qu'il «est tout indiqué que toutes les parties concernées (...) soient appelées à faire mieux et à en faire davantage». Le directeur général de Destination centre-ville, André Poulin, souligne que la plupart des commerçants se conforment déjà à de telles exigences, mais que ce règlement mettra au pas les délinquants. Le seul conseiller de l'opposition officielle dans Ville-Marie, Pierre Mainville, compte s'opposer à la réglementation. Ce conseiller municipal estime que l'arrondissement transfère à tort une partie de sa responsabilité aux propriétaires d'immeubles.
L'arrondissement de Ville-Marie compte 75 000 résidants, mais environ 500 000 personnes le fréquentent chaque jour.
La réglementation en bref
- Amendes plus sévères : de 125 à 2000 $ pour les personnes physiques et de 500 à 4000 $ pour les entreprises.
- Obligation pour les propriétaires de nettoyer le devant d'un bâtiment incluant le trottoir et 60 cm de la chaussée.
- Distribution des dépliants publicitaires interdite.
- Nettoyage obligatoire des graffitis pour les entreprises possédant du mobilier sur le domaine public.
- Installation obligatoire des cendriers.