Voici l'article dans La Presse de ce matin!
LES INSTALLATIONS DE 1976 AURONT COÛTÉ 1,5 MILLIARD
André Duchesne
La Presse
Le principal locataire est parti, le toit coule et le mât reste inoccupé. Mais réjouissons-nous, les installations olympiques sont payées.
Sans tambour, trompette ou communiqué de presse, la Régie des installations olympiques (RIO) a récemment envoyé son dernier paiement sur le coût et la transformation du Stade et de ses dépendances.
Il aura donc fallu plus de 30 ans et des milliards de cigarettes pour que les Québécois deviennent propriétaires de ces équipements olympiques honnis. La facture de 1,5 milliard de dollars inclut la construction du Stade, du mât, du Village, du centre sportif, des aménagements extérieurs, des stationnements ainsi que celle du Vélodrome et sa transformation en Biodôme.
«Nos paiements à nous sont terminés. Nous avons remboursé le dernier billet à la mi-novembre», indique Sylvie Bastien, directrice des communications de la RIO.
Au ministère des Finances, on apporte toutefois une nuance. Le directeur des communications, Jacques Delorme, affirme qu'une ultime étape doit être franchie.
«Le contrôleur des finances doit dresser son bilan final, précise-t-il. Ce n'est qu'une fois ce bilan rédigé qu'il enverra une attestation écrite au gouvernement à l'effet que la dette est payée. C'est comme avec votre maison. Vous pouvez considérer avoir fait votre dernier paiement mais c'est à la banque de vous aviser que tout est réglé.»
Depuis la fin de l'été 2006, on spéculait sur la date finale du paiement de l'hypothèque. Et pour cause! Les calculs étaient basés sur une formule alambiquée.
Le paiement de la dette était réalisé par la gestion d'une partie (environ 8 %) des taxes sur les produits du tabac. Les sommes recueillies allaient dans le Fonds spécial olympique (FSO). Sur une base régulière, le ministère des Finances envoyait à la RIO un chèque qui payait une partie des emprunts. Or, c'est le même ministère des Finances qui, par l'intermédiaire de son fonds de financement, contracte des prêts au nom des organismes gouvernementaux. Autrement dit, la RIO recevait un chèque du ministère des Finances pour le lui retourner aussitôt
Autre ironie, les sommes envoyées par le Ministère étaient basées sur une évaluation de ce que le ministère du Revenu allait recevoir en taxes sur les cigarettes pour une période donnée. Comme les sommes réellement recueillies ne coïncidaient pas toujours avec les évaluations, le Ministère rajustait son tir le mois suivant.
Ce phénomène, conjugué à d'autres éléments ponctuels, fait en sorte que d'une année à l'autre, les remboursements annuels ont oscillé d'une maigre somme de trois millions de dollars (en 1998-1999) à 123 millions (en 1986-1987).
En 1994, le gouvernement a diminué de façon drastique les taxes sur le tabac afin de faire échec à la contrebande de cigarettes. Cette mesure a réduit les remboursements. Plus tôt cette année, l'entrée en vigueur de la loi interdisant de fumer dans les bars et restaurants a déjoué les calculs initiaux et a repoussé le dernier paiement de l'hypothèque.
Quel avenir?
L'extinction de l'hypothèque ne met pas un terme à la saga des installations. Car ces 30 années auront été émaillées de divers événements qui se traduisent par autant de questions pour l'avenir.
Que faire du Stade depuis le départ des Expos? Comment va évoluer l'aménagement des bureaux dans la tour, projet qui s'englue? Et quel avenir pour le toit depuis la déchirure du 18 janvier 1999? Pour des raisons de sécurité, il est depuis impossible de présenter des activités sur l'aire de jeu du Stade du 1er décembre au 31 mars.
La firme d'ingénierie SNC-Lavalin doit présenter une solution pour remplacer la toiture qui serait gérée selon un partenariat public-privé. «Cette solution doit être proposée dans les prochains mois», dit Sylvie Bastien. Un toit permanent assurera plus de revenus, rappelle-t-elle.
Parlant de revenus, rappelons que la loi ayant créé la RIO en 1975 stipulait que les installations seraient remises à la Ville de Montréal une fois payées. Or, leur déficit annuel d'exploitation est de 20 millions de dollars. Pour le moment, c'est le gouvernement du Québec qui éponge le manque à gagner.
Déjà endettée, la Ville de Montréal ne veut pas en hériter. «Nous avons déjà exprimé au gouvernement notre opposition à la rétrocession, dit Bernard Larin, porte-parole du comité exécutif. Nous estimons que ces équipements appartiennent à l'ensemble des Québécois.»
Coût des installations
Voici en bref le coût des installations olympiques. Ceux-ci incluent tous les frais d'émissions de la dette à long terme.
Stade : 839 millions
Tour de Montréal : 175 millions
Stationnements : 107 millions
Centre sportif : 54 millions
Vélodrome et Biodôme : 133 millions
Autres : 44 millions
Village : 122 millions
TOTAL : 1474 millions
À noter que le Village a été vendu.
Le dernier paragraph de cet article en dit long!