Train léger à Ottawa: d'abord dans l'est
Publié le 11 novembre 2008 à 10h11 | Mis à jour le 11 novembre 2008 à 10h32
Dominique La Haye
Le Droit
Esquisse de la station Westboro
L'est d'Ottawa sera le premier secteur à accueillir un train léger, qui desservira d'abord un circuit allant de la station Blair jusqu'à la station Pré Tunney, en passant par un tunnel au centre-ville.
Il s'agit de la première étape du projet ambitieux de train léger sur rail électrique totalisant 4,7 milliards $ recommandée, lundi, par les hauts fonctionnaires de la Ville.
Première phase du plan de transport de la Ville d'Ottawa. Le train léger fera la navette entre les stations Pré Tunney et Blair.
Cette première mise en oeuvre coûtera 1,7 milliard $ et devrait être complétée en 2017, selon le scénario le plus optimiste. Outre l'ajout de 12 km de voie ferrée, le plan comprend aussi la construction du pont Strandherd-Armstrong au sud de la ville et le prolongement du Transitway - transport rapide par autobus - à l'ouest, à l'est et au sud de la ville.
Le maire d'Ottawa, Larry O'Brien, accueille favorablement ce plan, estimant qu'il permettra de s'attaquer au problème de congestion au centre-ville, où convergent trop d'autobus.
Ce n'est cependant pas l'avis du président de Transport 2000, David Jeans.
«On a choisi de desservir l'est vers le centre-ville avec un tunnel, alors il y aura donc un grand nombre de personne le matin allant vers l'ouest et retournant vers l'est l'après-midi. Mais tous les autobus remplis en provenance de l'ouest et du sud-ouest viendront encore au centre-ville. Il y aura donc toujours de la congestion au centre-ville et deux systèmes parallèles, l'un en surface et l'autre sous-terrain, qui seront à moitié utilisés.»
L'étape suivante compte l'ajout de 18 km de nouvelles voies ferrées totalisant 900 million $ et la construction du train léger Sud jusqu'à la station South Keys, ainsi que du train léger Ouest, jusqu'à la station Baseline.
Enfin, le troisième ajout complété vers 2031 totalisant 400 millions $ permettra de prolonger la ligne de train léger en direction sud, de South Keys au centre-ville de Riverside, ainsi que le prolongement du Transitway à l'ouest et à l'est.
Plan du réseau de transport en commun d'Ottawa tel que projeté à la fin de la construction en 2031.
La conseillère Diane Deans estime que la Ville a remplacé l'ancien projet de train léger Nord-Sud de 1 milliard $ - pour lequel pend une poursuite pour bris de contrat de la firme Siemens - par un nouveau plan guère mieux.
«Le problème avec le défunt projet, c'est qu'il ne desservait pas l'ensemble de la ville, et je pense que nous sommes en train de recréer le même problème, indique Mme Deans. Nous dépensons deux fois plus d'argent dans la première étape, qu'avec l'ancien plan, et nous construisons le tiers seulement en terme de distance», ajoute-t-elle.
Un rapport commandé par la Ville par un vérificateur de la firme KPMG identifie aussi plusieurs risques menaçant le projet de voir le jour.
Parmi eux, le fait que la Ville pourrait ne pas être en mesure d'utiliser l'argent du fédéral promis avant que l'entente n'expire en 2014, et le fait que la Commission de la capitale nationale (CCN) pourrait refuser de consentir un droit de passage pour le train léger dans le corridor ouest le long de la promenade des Outaouais.
Les options de l'avenue Byron ou de l'avenue Carling coûteraient alors de deux à cinq fois plus cher.
Le maire O'Brien ne se dit pas intimidé par la liste des risques, indiquant que tout projet comporte généralement certains risques.
«Il y a plusieurs risques, certains que nous contrôlons et d'autres qui sont contrôlés par le fédéral et la province. Il s'agit d'une bonne liste faisant état des risques que nous allons peut-être rencontrer, mais peut-être pas.»
Le maire n'exclut pas également la possibilité de financer le projet en établissant un partenariat public-privé (3P), comme le suggère aussi le directeur municipal, Kent Kirkpatrick.
Le conseil prendra sa décision finale le 26 novembre prochain, au même moment où il adoptera son plan directeur de transport des prochaines années.