(Québec) Loin de reculer sur les hauteurs d'édifices permises au coeur de Saint-Roch, la Ville de Québec permet d'ajouter des étages le long d'artères clés du quartier.
La nouvelle version du programme particulier d'urbanisme (PPU) pour l'entrée de ville du quartier Saint-Roch a été dévoilée lundi matin, puis elle sera adoptée en soirée.
Alors que plusieurs citoyens et la conseillère municipale Anne Guérette se sont opposés bruyamment à la construction d'une tour de 16 à 20 étages à côté de la bibliothèque Gabrielle-Roy, l'administration Labeaume maintient son projet d'édifice signature assorti d'une place publique. Le nouveau zonage permettra de construire jusqu'à 60 mètres de haut, comme l'hôtel Pur en face, qui a servi d'étalon. À côté, l'hôtel Best Western pourra monter jusqu'à 10 ou 12 étages comme demandé.
En parallèle, le gabarit des bâtiments est ajusté à la hausse pour six îlots donnant sur les rues Dorchester, de la Couronne, du Prince-Édouard et l'avenue Simon-Napoléon-Parent, près du parc Victoria. De quatre ou cinq étages, le maximum est porté à sept ou huit étages selon les cas.
«Les commerçants, les gens d'affaires nous disent : on voudrait avoir plus de gens qui viennent habiter le quartier», a justifié le vice-président du comité exécutif, François Picard, consacrant au logement tous les étages supplémentaires accordés. Le conseiller municipal responsable des dossiers d'urbanisme a assuré que la Ville n'avait pas succombé aux rêves de hauteur des promoteurs, qui réclamaient 10 étages, «parce qu'il y a un tissu urbain à préserver sur les rues perpendiculaires à Dorchester et de la Couronne».
Stéphane Sabourin, directeur général de la SDC du centre-ville de Québec, a parlé d'un «signal fort», d'un «signal de centre-ville» pour l'entrée nord du quartier. «Soyons clairs, on aurait aimé que ce soit un peu plus ambitieux. Néanmoins, je pense qu'ils se devaient de respecter les demandes des citoyens», a témoigné le représentant du milieu des affaires.
Fortement critiquée elle aussi, l'idée de convertir éventuellement le terrain de la centrale de police du parc Victoria en stationnement de surface est abandonnée. L'administration municipale garde son jeu ouvert et avance simplement qu'elle «évaluera les diverses options de réhabilitation possible» quand la vieille centrale disparaîtra du paysage.
La Ville crée un programme d'acquisitions d'immeubles lui permettant d'acheter des propriétés pour «mettre en oeuvre ses orientations». Le secteur de la bibliothèque Gabrielle-Roy est visé, plus particulièrement l'édifice de la CSQ que Québec veut étirer par le haut. «On se donne la possibilité, si on n'arrive pas à des ententes avec l'autre propriétaire, on se donne la possibilité d'acquérir la portion qui ne nous appartient pas», a détaillé M. Picard. Des commerces dans le secteur de la Pointe-aux-Lièvres pourraient également être achetés.
La conseillère du quartier, Chantale Gilbert, a profité de l'occasion pour annoncer la création d'une table de concertation pour Saint-Roch, où seront traitées des propositions citoyennes jugées intéressantes, mais pas nécessairement détaillées dans le PPU, comme l'aménagement des pistes cyclables et le verdissement. Composé d'une vingtaine de personnes, le nouvel organisme sera opérationnel dès février et doté d'un budget de départ de 250 000 $.
Anne Guérette et des citoyens en furie
«Cette tour de 20 étages, elle va venir carrément empêcher la création d'une place publique», a dénoncé lundi Anne Guérette, conseillère municipale de l'opposition, qui rejette l'idée d'un édifice de 16 à 20 étages à la Place Jacques-Cartier.
«Le maire [Régis Labeaume] est pas en train de favoriser un développement harmonieux de notre ville, il est en train de favoriser le plus de pieds carrés, le plus de hauteur, pour faire rentrer des taxes, des droits de mutation, pour continuer à gaspiller sans que ça paraisse ou encore pour payer son amphithéâtre», a-t-elle ajouté, furieuse.
Mme Guérette espère maintenant que la CSQ, propriétaire avec la Ville de Québec de l'édifice devant être bonifié, proposera un projet intégré et suscitant l'adhésion de la population.
Des membres du Comité des citoyens de Saint-Roch ont aussi dénoncé les hauteurs maintenues et même augmentées dans le PPU Saint-Roch.
Marc Grignon a plaidé pour le respect de la trame urbaine du centre-ville. «Ça fait un espèce de profil en dents de scie. [...] Un PPU, c'est un outil qui permet de créer, de travailler la cohérence d'un quartier. Là, on a l'impression d'un collage de petites idées», dénonce-t-il.
David Gagnon a aussi dénoncé l'effet de rupture, de division créé par les nouvelles hauteurs près du parc Victoria.
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